Cycle Cinéma Impressions du vivant : Expanded Nature
Dans le cadre de l’atelier de recherche et de création « chromoculture » et avec la création d’un laboratoire argentique au sein de l’ENSA, l’atelier photo proposera cette année aux étudiant.es de travailler avec des procédés argentiques non toxiques et des colorations naturelles. Pour lancer ce projet, l’Ensa Limoges en partenariat avec Récréasciences invitent Elio Della Noce et Emmanuel Lefrant pour parler de l’ouvrage « Expanded Nature, écologies du cinéma expérimental » paru aux Light Cone Éditions. Cette rencontre sera suivie d’une projection de films faisant appel aux pratiques d’éco-processing, aux techniques-contact et aux dispositifs orientés par le climat. Une programmation en 16mm et en numérique proposée par Elio Della Noce et Emmanuelle Nègre.
Présentation des invités
Elio DELLA NOCE, poète, réalisateur et doctorant-chercheur en études cinématographiques à l’Université d’Aix-Marseille (LESA). Il est chargé d’enseignement en théories du cinéma, spécialisé dans l’étude des liens entre formes du vivant et cinéma expérimental.
Emmanuel LEFRANT vit et travaille à Paris où il réalise des films dans un contexte d’auto-production, exclusivement en cinéma argentique. Les films, abstraits ou de paysage, s’attachent à représenter ou révéler un monde invisible, une nature qu’on ne voit pas, au travers des formes secrètes de l’émulsion. Outre les films qu’il réalise, il a fondé en 2000 avec Nicolas Berthelot, Alexis Constantin et Stéphane Courcy le collectif Nominoë avec lequel il a créé des performances qui ont été jouées dans de nombreux lieux, parmi lesquels le Centre Pompidou, la fondation Serralvès (Porto) ou encore le festival international de Rotterdam (IFFR).
Expanded Nature – Écologies du cinéma expérimental
« Deux trajectoires en apparence éloignées allaient s’entrecroiser à la fin des années 1960 : l’expansion des modes de production et d’exposition de l’image animée (avec l’avènement de l’Expanded Cinema) et la réduction du monde naturel (un extractivisme forcené conduisant à l’épuisement du vivant, la dégradation des sols, l’extinction des espèces sauvages…). Cette collision des destinées médiatiques et environnementales provoqua chez des cinéastes expérimentaux une émotion contradictoire.
Portés alors par le sentiment d’une perte de lien avec la nature, ils investirent les dispositifs et les techniques filmiques d’une plus grande conscience écologique. Élargir les moyens du film ou élargir la nature ?
Alors que notre époque est marquée par l’ampleur des actions humaines sur le reste du vivant (l’Anthropocène), des cinéastes s’engagent dans des pratiques écologiques qui tendent à un décentrement du privilège attribué à l’humain. Le cinéma expérimental se pense comme l’un des moyens de s’ouvrir à la pluralité du vivant, de concevoir le monde comme un réseau interconnecté, de mettre au jour un maillage entre les agents humains et autres qu’humains. Les méthodes de production du film peuvent être le terrain d’une écologie politique : des alternatives artisanales au productivisme, des regroupements en collectifs engagés et écoresponsables, une exploration de procédés comme la phytographie ou l’écodéveloppement.
Le livre Expanded Nature : Écologies du cinéma expérimental sous la direction de Elio Della Noce et Lucas Murari aux Light Cone Éditions.
Cet ouvrage collectif réunit les contributions de Scott MacDonald, Jean-Michel Durafour, Kim Knowles, Janine Marchessault et Philip Hoffman, Karel Doing, Chris Dymond, Alice Leroy, Rose Lowder, Chris Welsby, Yaniv Touati, Bidhan Jacobs, Teresa Castro, Colectivo Los Ingrávidos, Elizabeth Povinelli, Gérard Leblanc, Vincent Deville, Frédéric Brayard, Jacques Perconte, Lukas Brasiskis et Charlie Hewison. Il est publié avec le soutien à l’édition du Centre National des Arts Plastiques (CNAP).