Ateliers de Recherche et de Création (ARC)

Les ARCs sont des temps collectifs interdisciplinaires à partir d’une problématique de recherche définie et auxquels tous et toutes contribuent.

L’objectif pédagogique est de préparer les étudiant·es à la pratique de la recherche en art et en design, en insistant sur la spécificité méthodologique, contextuelle, conceptuelle et pratique d’une telle recherche.

Parmi les thématiques des ARCs, certaines alimentent profondément l’école tant sur le plan théorique que sur le plan plastique. Les gestes transmis dans l’école trouvent, par leur richesse et leur diversité, une résonance particulièrement aiguisée au regard de nombreuses problématiques liées aux pratiques artistiques mais aussi sociétales. Ainsi des allers-retours constants s’opèrent entre le Labo avec ses impressions 3D et l’atelier céramique avec sa pratique de moulage. Le dialogue prend forme également entre l’atelier vidéo, notamment ses expériences en 3D, et l’IA qui interrogent des expressions plus traditionnelles en peinture ou en dessin.

ARC Chromoculture – Cultiver la couleur par l’art et le design

Visuel : ARC Chromoculture

Avec Cécile Vignau, Flavie Cournil, Clara Guislain, Arnaud Dubois (intervenant, chercheur au CNRS) et Clara Salomon.

Alors que la couleur synthétique pollue l’air et de nombreux cours d’eau à travers le monde, ce projet propose de réfléchir collectivement à des pratiques de coloration écologique. Débuté en 2021 avec une reconfiguration des ateliers Teinture et Développement argentique, le cœur du projet se situe dans le parc de l’Ensad Limoges avec le jardin-laboratoire « Chromoculture ». Composé d’environ 50 espèces différentes de plantes à couleurs, il a été imaginé par l’artiste-botaniste Liliana Motta en collaboration avec les étudiants·es de l’ARC (conception, tracé, paillage, plantation) et l’aide d’acteur·rices locaux (agriculteurs·trices, associations, collectivités territoriales…).

En 2024-2025, l’ARC se poursuit au travers de différents chantiers collectifs et individuels qui engagent les étudiant·es dans la conceptualisation d’une recherche personnelle autour des problématiques que soulève l’ARC Chromoculture : sources actuelles des couleurs écologiques, pollution des cours d’eau et de l’air due à l’industrie des colorants, pollution due aux industries minières, rapport au patrimoine coloré et à la géologie de la région, recherches botaniques sur les plantes à couleurs, travail de documentation du projet sous la forme de photos, de films argentiques et d’éditions avec des empreintes environnementales faibles.

Pour soutenir leurs recherches, les étudiant·es peuvent participer à différents  projets : l’enrichissement du jardin-laboratoire, des workshops (couleurs végétales, phytographie), des sorties avec l’artiste Mathias Mareschal pour récolter et utiliser les terres et roches locales, une journée de projection de films expérimentaux par l’association Light Cone, ainsi qu’un voyage prévu au printemps 2025. Deux résidences sur projet sont proposées aux étudiant·es avec des partenaires locaux (Lainamac et le Moulin du Got). Des temps de rencontre ponctuels sont imaginés avec l’ARC Expérience du territoire pour croiser les enjeux communs et complémentaires.

L’ARC Chromoculture a été soutenu deux années consécutives (de 2021 à 2023)  par le dispositif de professionnalisation « CulturePro » du ministère de la Culture. À partir de 2023 et pour les 3 prochaines années, le projet est appuyé par une aide de la région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de son appel à projet « Favoriser la réussite étudiante ».

ARC Artificium

Monika Brugger, Terhi Tolvanen, Fabrice Caravaca, Ken Peat et Jean Savard.
Intervenant·es pour la Hochschule Trier – Campus Idar-Oberstein : Julia Wild, Cornelia Wruck, Levan Jishkariani, Theo Smeets.

L’ARC Artificium explore a City of Craft ! est un projet interdisciplinaire financé par le programme « Internationalisation des hautes écoles en sciences appliquées (HAW. International) », un programme du DAAD-Office allemand d’échanges universitaires, en collaboration avec l’Ensad Limoges.
Au travers du projet interdisciplinaire Explore a City of Craft ! en
collaboration avec la Hochschule Trier, Campus Idar-Oberstein, en Allemagne, l’ARC Artificium investit différents aspects de deux Craft
Cities : Idar-Oberstein et Limoges.
Ces deux villes marquent leurs territoires respectifs par une spécialisation via un « artisanat » et des matériaux spécifiques sur un plan économique, social et culturel.
Pendant des siècles, les techniques du travail des pierres précieuses ont été développées et transmises à Idar-Oberstein et celles de la porcelaine à Limoges. Jusqu’à aujourd’hui, cela se traduit par un large éventail d’applications allant des techniques artisanales simples, mais hautement spécialisées, à des technologies innovantes, telles que le travail assisté par ordinateur, les machines automatiques, ainsi que le
développement et le traitement de pierres précieuses synthétiques ou de matériaux nouveaux dans le champ de la porcelaine.

Le groupe, composé d’étudiant·es du POPatelier Bijou et d’étudiant·es invité·es, concentre ses recherches sur la porcelaine durant le 1er semestre, selon différentes étapes (fabrication des formes et de leurs moules, coulage, mise en couleur). Ces phases servent de base à un échange avec les étudiant·es de Idar-Oberstein au 2e semestre durant les deux semaines d’échange prévues en 2025.

Tout au long de l’année, les étudiant·es vont documenter leurs recherches et collecter des « trésors », c’est-à-dire des objets typiques, des produits, des vestiges d’époques passées, issus du contexte de leur artisanat respectif.
Le but est d’explorer, pour rendre visibles les territoires, géographique et géologique, et leurs influences sur le projet économique, avec diverses structures de fabrication (atelier, manufacture ou usine) qui ont influencé la vie socioculturelle et politique, mais également la transmission des savoirs. Il est également prévu de documenter des techniques spécifiques, de rendre visibles les gestes intuitifs des artisan·es indépendant·es, des ouvrier·ières, en prenant soin de ne pas uniquement utiliser la photographie ou la vidéo. Il s’agit de réfléchir à la manière de représenter le déroulement des actions de manière innovante ou inattendue, afin que le savoir implicite de l’action soit également compréhensible de manière intuitive, dans le but de les mettre plus tard à la disposition d’utilisateur·rices externes via un portail de visualisation ou de numérisation des connaissances implicites.
Durant l’année, d’ancien·nes artistes en résidence, invité·es (Marion Delarue) ou étudiant·es de Idar-Oberstein ou de Limoges (Jean Savard, Manon Papin, Elvire Blanc-Briand), présentent leurs expériences respectives au moyen d’une plateforme vidéo et montrent dans quelle mesure l’environnement d’une Craft City riche en traditions a influencé leur travail artistique.
Les recherches sont présentées aux étudiant·es de la ville partenaire de manière régulière en 2025 et servent de base à une exposition à Idar-Oberstein et Limoges,  ainsi qu’à un catalogue qui rendra les résultats visibles au-delà de l’université.

ARC Nouvelles gestualités

Indiana Collet-Barquero, Fabrice Cotinat, Jessie Derogy et Benjamin Sebbagh.

Nouvelles Gestualités place les gestes de métiers des céramiques comme « archives vivantes » et sources d’étude qui nourrissent des travaux de création en lien avec les technologies immersives, robotiques, numériques et avec les intelligences artificielles génératives dans les champs de l’art et du design. Ce programme de recherche située prend comme point d’appui le territoire du Limousin en tant que corpus vivant de savoir-faire traditionnels et d’innovations liés aux céramiques et souhaite engager un lien fort avec la péninsule ibérique.
À partir de modalités exploratoires croisées (immersion, expérimentation, enquête, récolte et archivage) sur le geste, l’objectif est de faire émerger des processus en  cours de transformation que les étudiant·es de l’Ensad Limoges peuvent réinvestir en art et en design dans une logique d’hybridation des pratiques.

L’idée d’objectiver un nouveau continuum dans le champ de la production et de la création en art et en design observe deux versants. L’un élabore un contenu documentaire des gestes de métiers, des « archives vivantes » pour lesquelles nous constituons un répertoire de gestes, de paroles, d’événements, de traces, de pratiques et de création liés au travail de la céramique. L’autre versant, à visée expérimentale, utilise les technologies immersives, numériques et la robotique (impression 3D, RV-RA, VR, algorithmes, automatisation, intelligences artificielles génératives, métavers) comme outils de création et d’élaboration à partir de l’activation des sources documentaires.

Cet ARC place les étudiant·es dans différentes situations d’investigation, de rencontre et d’apprentissage des savoir-faire liés aux céramiques : acteurs économiques et culturels, entreprises de production, travaux de chercheur·euses, etc. en territoire limousin, mais également national et européen. De plus, les étudiant·es exploitent les possibilités d’interaction liées à la captation des mouvements et aux intelligences artificielles génératives, celles-ci entremêlant des savoir-faire traditionnels avec des outils numériques de pointe. Les résultats attendus avec ces technologies se retrouvent directement exploités dans les créations des étudiant·es en art et en design.

L’ARC Nouvelles Gestualités, qui unit production de connaissances (recherche) et transformation créative (action) à partir des gestes de métiers des céramiques, cherche à amplifier le champ des pratiques et des connaissances techniques par le biais des nouvelles technologies, mais aussi par le partage et l’analyse de l’expérience individuelle et collective. Ainsi, les méthodologies croisées et les coopérations intercatégorielles voulues par l’ARC Nouvelles Gestualités non seulement permettent de revisiter le rapport aux savoirs, mais également cherchent à ouvrir des voies autres dans les manières de « fabriquer ».

En 2023 et 2024 l’ARC Nouvelles gestualités est soutenu par le dispositif de professionnalisation CulturePro du ministère de la Culture. En 2024, il bénéficie aussi d’une dotation au titre de l’appel à projets Recherche dans les écoles supérieures d’art et de design (RADAR).

ARC Images & co-imaginaires – Le lieu des images

Avec Delphine Gigoux-Martin, Clara Guislain, François Coadou, Pierre-Emmanuel Meunier.

Si l’image, dans son histoire, est une forme qui ramène l’absent ou fait apparaître le présent, elle est une substitution qui dans sa représentation formule un acte. Pour Hans Belting, le fait que nous vivons avec des images et que nous appréhendons le monde à travers les images ne peut se comprendre complétement que dans la formule image-médium-corps. L’expérience du corps comme medium vivant est alors fondamentale dans l’expérience qu’elle permet de la perception des images. Dans ces perspectives croisées de – « l ’image est acte » (Henri Lefèvre) et l’image corps médium – l’être humain qui est touché par l’image et ses effets, provoque à son tour une interaction avec celle-ci. Cette puissance de « l’agir des images » (Philippe Descola), s’établit au travers d’une dialectique complexe où le producteur de l’image, l’image elle-même, le spectateur qui la regarde et le contexte culturel dans lequel production et réception ont lieu, produisent des expressions de sens différents selon les contextes historiques, culturels ou sociaux. Michel de Certeau énonce une perspective épistémologique hétérologique qui sort l’image de toute logique identitaire univoque et insiste sur la perpétuelle transformation et redéfinition de l’image. Ainsi le sens d’une image ne serait jamais donné une fois pour toutes et proviendrait de multiples facteurs où la rencontre et confrontation prennent force. L’image implique alors un acte de réception de sa contemplation qui déclenche des actions et réactions chez l’observateur·rice, donnant aux images une nature active dans leur rôle constitutif de l’expérience : « Les images ne peuvent pas se situer devant ou derrière la réalité, puisqu’elles contribuent à la construire. Elles ne sont pas une réalité dérivée, mais une forme qui constitue une condition nécessaire de la réalité » (Horst Bredekamp).

Alors, dans ces expériences de l’image et de leur puissance effective, l’image peut-elle dans son rapport au lieu, à son lieu, provoquer des expériences sensibles autres ouvertes aux mondes multiples que nous habitons et qui nous habitent ?

On voudrait, cette année, se poser la question suivante : y a-t-il une bonne (et donc aussi une mauvaise) image ? Question volontiers provocatrice, parce qu’elle discrimine, qu’elle introduit des notions de valeur. Est-il possible cependant de l’éviter ? Les Cultural Studies ont rendu populaire l’idée qu’il existe un rapport d’interdépendance, voire de détermination réciproque, entre les images fabriquées et ces autres images qu’on appelle images mentales. Les images fabriquées expriment nos représentations intellectuelles et culturelles, et les modèlent en retour. À telle enseigne qu’il ne faut certes pas les prendre à la légère. Est-ce à dire, dès lors, qu’il faudra faire passer les images fabriquées au tribunal d’une certaine politique et d’une certaine morale ?
Mais lesquelles ? Quels en seront les fondements ? Et ne s’agira‑t‑il alors que d’examiner le contenu, les représentations qu’elles véhiculent ? Ou faudra-t-il aussi en examiner l’esthétique, la poétique ? Nous avions une question, en voilà maintenant un grand nombre. Pour y répondre, nous nous appuyons sur quelques expériences issues de différents moments de l’histoire de l’art et de la culture, depuis les images médiévales jusqu’aux images médiatiques majoritaires, et sur leur subversion et réappropriation minoritaire, en passant par les collages et photomontages dadaïstes et surréalistes.

ARC Expérience du territoire – Ce à quoi nous sommes reliés

Visuel : ARC Expérience du territoire, crédit photo : Estelle Majani.

Avec Vincent Carlier, Nicolas Gautron, Dominique Mathieu.

Nous abordons l’eau comme vecteur, réseau, chevelu de liaisons à l’échelle sensible d’un territoire, géographique mais aussi social et personnel. Lors de nos explorations ouvertes à ce qui arrive, à suivre un cours et ses ramifications, nous expérimentons ce à quoi nous sommes relié·es. Nous éprouvons nos branchements, nos dépendances fertiles qui nous irriguent, au milieu dont nous sommes partie. Et  de ces dépendances, nous faisons une force et une ressource génératrice d’idées, de puissance collective, de possibles.
En référence aux Trois écologies de Félix Guattari, nous explorons la manière dont se manifestent ces interconnexions selon différentes approches : relation à l’environnement et au vivant, relation entre les personnes et entre les collectifs, relation à l’intime et au sensible.
Nous questionnons les formes existantes et à inventer pour rejoindre, relier, rencontrer, recevoir, traduire, interpréter, représenter, faire assemblées de toutes les présences. Nous posons l’hypothèse de la pratique de la marche comme champ communal, notre espace temps de l’inter, de la relation.
Nous accompagnons Tibo Labat, architecte artiste résident à l’automne 2024, dans son engagement à faire liaison et coopération entre des mondes divers, pratique  qu’il nomme marches-composition, avec l’objet imprimé comme support de partage et d’intervention.

Comme le disait Sabu Kohso dans son livre Fukushima & ses invisibles :« L’économie capitaliste s’est construite sur la marchandisation des communs, ainsi que sur le transfert des déchets vers les territoires des plus pauvres. Plus les sociétés capitalistes se développent, plus elles perdent leur capacité à recycler ce qu’elles produisent en excès, reléguant ainsi le négatif au domaine de l’invisible – l’air, l’océan, le sous-sol, les territoires économiquement inférieurs. »
C’est aussi à ces communs négatifs que nous sommes tous et toutes relié·es. C’est pourquoi nous allons à la rencontre d’une infrastructure à laquelle nous sommes  connecté·es, l’Unité de Valorisation Énergétique de l’agglomération de Limoges,  autrement dit l’incinérateur de déchets.
La Vienne descend de la montagne pour arriver en ville. Nous cherchons par un cheminement inverse à quitter Limoges afin de remonter aux sources en condensant notre regard, en même temps que la rivière se resserre, pour gagner en acuité sur le monde qui nous compose. Le paysage étant toujours caressé dans le même sens par la rivière, nous cherchons, au travers de marches et de déplacements à contrecourant, à élaborer nos propres cartes d’orientation pour partir à la rencontre d’ailleurs, revenir à bord, regarder les beautés, quitter l’abri protecteur, ne pas se laisser porter par les flux et prendre position.

Crédit photo : Estelle Majani