Du Design, de Limoges
LM Studio, galerie d’exposition et résidence d’artiste à Hyères, accueille une exposition des diplômé·es du master Design de l’Ensad Limoges : Lohan Blois • Zélie Boisselier-Nonnet • Oriane Caroff • Carel Chbat • Axelle Dorlot • Lisa Giraud • Fouzia Khaia • Antoine Schacherer • Fabio Uberti.
Commissariat : Nathanaël Abeille, designer, enseignant à l’Ensad Limoges.
— Limoges ? C’est pas là qu’on fait des assiettes ?
— Si, absolument.
— Donc vous avez fait une expo sur la vaisselle ?
— Non. Enfin… pas que.
— Parce que bon, Limoges… c’est un peu paumé, non ?
— On préfère dire que c’est “central”. Et quand tu prends le temps, ça rayonne. Vraiment.
— Ah, et d’ailleurs… j’ai acheté une table l’autre jour. Super design.
— Ah ouais ?
— Bah ouais, elle est trop belle.
— D’accord… mais t’es sûr de savoir ce que ça veut dire, “design” ? — Bah… c’est joli, non ?
— Voilà. C’est exactement pour ça qu’on a monté cette expo.
Rentrons, que je t’explique.
— Du Design, de Limoges, c’est pas juste des objets bien rangés dans un cube blanc. Ce n’est pas une vitrine. Et c’est encore moins une expo de déco vue et revue. C’est un atelier vivant. Un recueil d’expériences, d’histoires et de points de vues. C’est le croisement d’idées de trois générations de designers : 2023, 2024, 2025. Tous sortis de l’Ensad Limoges.
— Mais ils font quoi, concrètement, à Limoges ?
— Ils expérimentent. Ils testent. Ils créent. Et parfois, oui… ils se plantent. Mais ils cherchent. Et ça, c’est précieux.
Et puis c’est plus que Limoges, en fait. C’est de Limoges à Paris, de Kyoto à Cognac, du pixel au copeau, du clic à la soudure. Chaque projet, c’est un bout de définition. Une manière d’élargir le mot “design”, au lieu de le figer.
Tiens, regarde :
Là, t’as une lampe en bambou, ultra légère. Presque végétale. Elle respire.
À côté : une chaise pour enfant, hyper colorée.
Mais qui a nécessité une IA pour exister. Oui, tu m’as bien entendu. Une intelligence artificielle pour une chaise si « simple »
Ici, un burger en porcelaine. Tu le manges pas. Mais il te fait réfléchir. Sur la bouffe, la société, tout ça. C’est dense, mais doux.
Juste en face, un miroir en céramique… qui te déforme un peu. Doucement. Gentiment. (Enfin… selon ta sensibilité.)
Un peu plus loin ?
Un lit.
Tu connais IKEA ? C’est pareil, sauf que là tu suis un faux mode d’emploi, et tu utilises du bois de récup. Le projet est open-source.
Donc ouais, toi aussi tu peux le fabriquer.
Et là, une urne funéraire. Oui, à câliner.
Oui, c’est étrange. Mais oui, c’est puissant.
Y’a aussi du verre soufflé, des assiettes qui racontent l’histoire d’une famille, des motifs gravés qui s’emboîtent comme des idées qui discutent ensemble.
— Mais du coup, le design, c’est quoi ? De l’art ? De l’artisanat ?
— Disons que c’est une manière de regarder le monde. De poser des questions. D’inventer des réponses. De créer avec du sens.
Et parfois… de réparer ce qui cloche. Mais libre à toi de chercher à le définir !
Si je dois résumer… Limoges, c’est pas juste une ville “où on fait des assiettes”. C’est un endroit où on apprend à regarder autrement.
Et cette expo, c’est un reflet. Pas seulement du design… Mais du design, de Limoges.
Antoine Schacherer