« Re » une expo étudiante à l’Atelier W Pantin
Une exposition collective avec Maxime Andres, Lucie Bourdon, Aloha Lefebvre, Jana Osman, Elea Roussel, Ulises Tapia, Yiwen Wu et Audrey Gambier, étudiant·es de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy (ENSAPC) et de l’Ensad Limoges.
L’exposition est issue d’un workshop proposé dans le cadre de l’exposition « Free to move from chair to chair » (Centre d’art Ygrec-ENSAPC, Aubervilliers). Il est dirigé par Julie Sas, artiste et co-encadré par Clara Guislain, enseignante d’histoire et théorie de l’art contemporain à l’Ensad Limoges.
- vernissage vendredi 31 octobre de 18:00 à 20:00
En 1ère page d’un livre de Marguerite Duras[1], quelques phrases évoquent le personnage d’un enfant, Ernesto, qui rentre pour la première fois de l’école en déclarant à sa mère qu’il n’y retournera plus. « Pourquoi ? Parce que !… A l’école, on m’apprend des choses que je ne sais pas », lit-on quelques lignes plus loin.
Dans la scène inaugurale d’un film de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub[2], une caméra grand-angle filme une actrice dans le décor d’une cuisine, penchée sur un évier, en train d’éplucher des pommes de terre. Alors qu’un panoramique horizontal laisse progressivement apparaitre un jeune acteur à ses côtés, celui-ci déclare en chantant qu’il ne retournera plus à l’école. « Pourquoi ? », entend-on hors champ. « Parce que !… A l’école, on m’apprend des choses que je ne sais pas » récite l’acteur. Straub et Huillet, dans le souci d’impertinence qui les caractérise, diront de ce film qu’il n’est pas une adaptation du livre de Marguerite Duras, mais leur rencontre avec ce texte.
[1] Ah ! Ernesto, Marguerite Duras, 1971
[2] En rachâchant, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, 1982
À la croisée de formes pédagogiques et artistiques, « Re » est un workshop cherchant à interroger le rôle et la valeur de l’acte de répétition. Tantôt sanctionnée par les conventions scolaires de la bonne stylistique ou par le règlement universitaire pour plagiat, tantôt érigée en principe directeur de méthodes d’apprentissage ou en œuvre d’art, la répétition est un acte aussi banal qu’ambivalent. La pluralité des formes qu’elle revête témoigne combien sa nature et ses usages ont façonné les rapports contrariés de la culture à l’apprentissage. Copie, dictée, appropriation, adaptation, exercice d’admiration, reenactment, contrefaçon, anaphore sont ainsi autant de façons de re-présenter un contenu original à des fins de transmission, d’éprouver un rapport empirique au savoir et d’interroger les liens qu’entretient ce dernier avec la propriété.
Au travers de formes ouvertes, qui pourront s’inscrire dans un rapport critique aux savoirs savants et aux institutions qui les dispensent, il s’agira de mesurer les effets socio-politiques de l’acte de répétition et son implication dans la construction des figures de l’ignorant et du dominant, du cancre et du savant.
Ernesto, qui ne veut apprendre que ce qu’il sait déjà, rétorque avec insolence à son maitre qui lui demande comment il compte s’y prendre : « En rachâchant. » « Qu’est-ce que c’est ce que ça ? Une nouvelle méthode. »