« L’expérience de Limoges » par David Bielander

Restitution de la résidence de David Bielander, artiste suisse établi à Munich, accueilli au POPatelier BIJOU de l’Ensad Limoges en 2024.

Une étonnante sculpture trône dans la cafète de l’École, posé entre un endroit, où on trouve normalement Aurélie, et l’espace fumeur en plein air. Il s’agit d’un cube d’environ 2 x 1 x 1 mètre, fait de matériaux divers. En appuyant sur des boutons, il produit un liquide ressemblant à du café, pour 35 centimes (vraiment !). C’est ainsi que cette œuvre d’art attire littéralement tout le monde à l’école pour entrer dans son orbite plusieurs fois par jour, les étudiants, les enseignants, le personnel, les invités, se rassemblent dans diverses constellations, toujours changeantes.
C’est l’une des « sculptures sociales » les plus réussies que j’aie jamais rencontrées. Joseph B. aurait dit : chapeau !
Je n’ai jamais travaillé dans une école aussi perméable que l’Ensad, chaque atelier, chaque espace étant une petite île, un flux constant d’Ensadien·nes circulant entre elles-entre eux, entre ces îles flottantes.

L’expérience de Limoges, c’est : le chalet, les lapins, la pierre tombale de Deleuze.
C’est mille vaches et des arbres aux couleurs époustouflantes.
C’est la jupe banane de Joséphine Baker et Lascaux à une bonne demi-heure d’intervalle, le sacré et le profane (mais lequel est lequel ?).
C’est des figues farcies au foie gras, des huîtres, et « l’ode à la pizza préfabriquée ».

Limoges, c’est des croissants et la langue de bœuf limousine.
Saviez-vous qu’en France, un croissant droit contient du beurre pur, et qu’un croissant coudé est fait avec de la margarine ?
Et saviez-vous qu’un Charivari est en fait un bijou particulier ?
C’est un duel de saxophone ténor dans le bar d’Abdu et Brüderlein Danya. C’est des chiens de garde, des chaussettes, des nouveaux amis. Des vide greniers avec Helen. C’est Christine, partout.

L’aventure de Limoges, c’est la fabrication minutieuse de moules et le rap français (j’aime beaucoup les deux !).
C’est l’argile. C’est la barbotine.
Je ne commence jamais par un matériau !
Normalement, je choisis d’abord ce que je veux faire et ce n’est qu’au cours d’une exploration atroce qu’il devient évident de savoir de quoi il sera fait.
Et lorsque je sculpte, je le fais généralement en taillant l’excédent, sans construire !
Le manque de résistance physique de l’argile m’a rendu fou.

Super précieuse cette aventure que vous nous proposez ici. Super de vous avoir rencontré.
Et Merci ! Et Bon Courage !

Photo : David Bielander © Laetitia Ducrettet
David Bielander © Laetitia Ducrettet
Photo : David Bielander © Laetitia Ducrettet
David Bielander © Laetitia Ducrettet