Ingrid Montier

Artiste potière, Ingrid travaille la terre. Elle l’utilise essentiellement sur son tour, un axe duquel elle fait émerger des formes qu’elle combine, assemble et met en relation dans l’espace. La syntaxe sculpturale qu’elle agence joue avec l’in situ, répondant à l’architecture tout en affirmant un langage propre. Ce langage puise dans des typologies formelles qui convoquent la géométrie, la mécanique, ou encore la plomberie – un monde de tuyaux, de courbes techniques, de connexions concrètes. Dans son travail, fondé sur les notions de rencontre et de circulation, l’installation se révèle un lieu d’exploration plastique à part entière. Elle se déploie comme un vaste terrain de jeu où ses pièces dialoguent les unes avec les autres, créant des conversations subtiles entre les lignes de ses volumes et leur environnement immédiat. Ces dispositifs spatiaux constituent des lieux d’apparition de dynamiques en tension : des objets-sculptures jaillissent, dansent, du sol aux murs, jusqu’au plafond. Stables et instables, ancrées et suspendues à la fois, les formes semblent habiter l’espace de manière transitoire, dans un équilibre précaire. Dans le travail d’Ingrid, la terre est un espace de liberté, tantôt signifiante par sa matière même, tantôt signifiée par la forme. Le tour, enfin, n’est pas qu’un outil : il est le point de départ d’une réflexion existentielle. Une manière d’être au monde, d’esquisser de nouvelles logiques d’équilibres, les mains dans la terre