Morgane Vedrenne

Le travail de Morgane Vedrenne s’inscrit dans un champ culturel pop et punk, elle s’inspire autant des mouvements féministes des années 70 que des pratiques DIY d’aujourd’hui. Ses sculptures sont toujours des éléments déguisés ou maquillés, le fruit d’une expérimentation de formes et de textures. Elle aime ne pas se laisser convaincre par un savoir supposé auquel elle répondrait formellement. Dans le contexte critique de notre contemporanéité, elle préfère risquer une expérience inconfortable du matériau, d’une forme ou d’une esthétique, quitte à évoquer les clichés et les effets du kitsch. Ces dernières années, ces questions et sa pratique ont rencontré un soutien théorique du côté des gender et des queer studies. Dans le sillage du philosophe Paul B. Preciado, elle s’intéresse à « l’industrie de production du bon goût ». C’est dans ce contexte qu’elle essaye de créer des objets plastiques vecteurs de récits non hégémoniques, étant résolue à leur reconnaître une qualité du côté des formes et des modalités plus humbles. Elle a aussi un attrait pour les formes marchandes liées à la culture pop et c’est ce qui l’a amené à considérer l’économie de la collection du côté des vêtements et textiles de seconde main. Elle s’intéresse aussi à la pluralité des  interprétations et à la possibilité de jouer des significations et du sens. Ce qui l’intéresse particulièrement est le moment avant l’interprétation, avant que ce que l’on voit ne provoque un mot, lorsque demeure, brièvement, une chose innommable. Elle a aussi pratiqué le mapping vidéo en s’intéressant à Shana Moulton : une forme d’assemblage qu’elle organisait dans et avec l’espace, devenu son « espace de montage ».  À Limoges, elle a surtout fait de la sculpture et ses vidéos qui « habillaient » l’espace ont trouvé leur matérialité avec le textile, et cette  idée d’interprétation dans le moment magique du passage entre différents rideaux.